Porté par l’Association des Centres Sociaux de la Région de Valenciennes (ACSRV), le projet "En mode emploi" a été mis en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes en grande difficulté d’insertion. Cofinancé par l’Union européenne via le Fonds Social Européen Plus (FSE+), à hauteur de 603 645 € sur un coût total de 1 006 076 €, ce dispositif innovant a permis d’accompagner chaque année environ 150 jeunes âgés de 16 à moins de 30 ans, peu ou pas qualifiés, en situation d’isolement social, souvent désengagés des services publics de l’emploi (SPE) et parfois en errance.
Depuis 2015, l’ACSRV mène des actions d’insertion à destination des jeunes NEET (Not in Education, Employment or Training, c’est-à-dire sans emploi, sans formation et non scolarisés). L’expérience du terrain a mis en évidence que les freins à l’insertion ne résident pas uniquement dans le manque de qualification, mais également dans l’absence de réseau, de mobilité, de perspectives et parfois de lien avec les institutions.
Ces jeunes, souvent invisibles pour les structures classiques comme la Mission Locale ou Pôle emploi, peinent à se projeter dans un avenir professionnel. Errance, isolement, conduites addictives, mal-être et perte de confiance en soi viennent aggraver les risques de rupture, que ce soit dans les parcours d’insertion, dans l’accès au logement ou dans les démarches administratives de base.
Face à ces réalités, le dispositif "En mode emploi" a été conçu pour aller au-devant des jeunes, les repérer, établir une relation de confiance, les accompagner sur le long terme et leur redonner les moyens d’agir sur leur trajectoire.
Le projet s’appuie sur un réseau de partenaires de proximité, dont le CAPEP (Centre d’Accueil et de Promotion de l’Éducation Permanente) et le CAO 59 (Centre d’Accueil et d’Orientation du Nord), qui interviennent dès la phase amont : repérage, mobilisation, levée des freins liés à la santé, à l’hébergement ou à l’accès aux droits
Une fois le contact établi, les jeunes sont orientés vers les conseillères d’insertion professionnelle de l’ACSRV. Un accompagnement individualisé et renforcé est alors mis en place, avec des entretiens réguliers, des bilans socioprofessionnels, des actions ciblées sur la mobilité, la confiance en soi, l’élaboration du projet professionnel ou encore la réintégration dans les services publics d’insertion.
L’action repose sur l’alternance entre accompagnement individuel et ateliers collectifs. Ces derniers peuvent être collaboratifs, culturels, ou axés sur la découverte du monde professionnel. Des immersions en entreprise, des visites de centres de formation, ou encore des rencontres avec des professionnels permettent aux jeunes de s’ouvrir à de nouveaux horizons.
Chaque année, une session du programme "Les Z’ELLES" est organisée pour permettre à des jeunes femmes de découvrir des métiers dits “masculins”, et ainsi lutter contre les stéréotypes de genre dans les choix professionnels.
Le projet prévoit également un soutien matériel pour limiter les abandons liés à des problèmes financiers : financement du permis AM (permis cyclomoteur) pour 15 jeunes par an, aides à la vêture professionnelle, aux frais de transport, ou encore tickets de service. Ces soutiens visent à sécuriser les parcours d’insertion et à éviter les ruptures.
Entre 2015 et 2021, les actions portées par l’ACSRV ont permis à 534 jeunes d’accéder à un emploi, une formation, un contrat en alternance ou à un service civique. Fort de ces résultats, le projet "En mode emploi" a été pensé comme une évolution du précédent dispositif Java, avec une attention accrue portée à la reconnaissance des potentiels individuels, à la création de dynamiques de groupe et à la prise en compte du rythme de chaque jeune.
En complément, les jeunes accompagnés peuvent être orientés vers le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ), dispositif de l’État qui permet de formaliser un parcours intensif d’accompagnement vers l’insertion.
Au-delà de l’accompagnement à l’emploi ou à la formation, le projet "En mode emploi" agit en profondeur pour :
restaurer la confiance en soi des jeunes,
réduire le sentiment d’exclusion,
rompre l’isolement social,
renforcer la mobilité géographique et professionnelle,
valoriser les compétences informelles,
et créer un cadre sécurisant pour se projeter dans l’avenir.
Avec le soutien de l’Union européenne et de la Région Hauts-de-France ainsi que l’implication forte des acteurs locaux, le dispositif "En mode emploi" illustre la capacité d’innovation sociale et territoriale pour faire face aux défis de l’insertion des jeunes les plus éloignés de l’emploi. Un modèle d’action à pérenniser et à diffuser.